Les 41e rencontres Trans Musicales ont transporté les émotions vers plusieurs horizons musicaux. Avec ses sonorités métissées, Guiss Guiss Bou Bess fait sensation sur trois dates et surtout la nuit du 6 décembre dans le Hall 8 du Parc Expo à Rennes. Intenses moments de joie pour un public qui entre cris et danses n’est pas loin de la transe.

Dans la nuit du 6 au 7 décembre où les concerts se croisent dans les salles du Parc Expo, le hall 8 devient le point d’attraction de plusieurs milliers de personnes. A quelques minutes du concert de Guiss Guiss Bou Bess, l’affluence dans les allées qui convergent vers la salle est remarquable. Et, au sein des regroupements d’amis, on laisse s’échapper des commentaires exprimant la curiosité ou l’enthousiasme de voir ce groupe franco-sénégalais se produire sur scène. Qui pour avoir entendu parler de leur prestation deux jours plus tôt au centre pénitentiaire des hommes de Rennes-Vezin ; qui pour les avoir déjà vus jouer sur d’autres scènes. Mais les curieux font le plus grand nombre pour découvrir ce que peut donner un mélange Electro – Sabar . Il est 3h30 du matin, salle comble. Mara Seck, Stéphane Costantini et Aba Diop investissent la scène.

Set Sela

En Wolof,« Rendre visite », Set Sela le titre éponyme de leur album dont le présent concert consacre d’ailleurs la sortie est le premier exécuté, comme pour dire au public « rendons-nous visite mutuellement afin de savourer le plaisir du brassage, du métissage ». De toute façon, le public semble disposé à cela et à bien plus. « Nous allons danser ce soir ! Est-ce que vous êtes là ? », lance Mara Seck, avant d’aborder le deuxième tire « Waxtane » qui veut dire dialoguons. Et le public de répondre en chœur par l’affirmatif. Ça danse et ça crie, au fur et à mesure que la performance sur scène explose.

La présence scénique de Mara Seck (lead vocal et percussionniste) n’a d’égales que la dextérité de Stéphane Costantini à la machine (élecro) et la justesse féroce des crépitements de sabars par Aba Diop. Stéphane décroche un temps de ses machines pour rejoindre les deux autres à la percussion. Euphorie dans la salle. Dans une chorégraphie qui répond à l’heureux contraste des sonorités, deux silhouettes apparaissent et disparaissent selon la forme du prochain titre. C’est Thiat Sylla et Baidy Ba, des danseurs sénégalais pour qui visiblement les pas du Sabar et du Mbalax n’ont aucun secret. Thiat, un corps féminin ténu et athlétique en fait voir mille à la seconde avec une rapidité qui impressionne, et Baidy jeune-homme grand de taille, associe ses dreadlocks au spectacle. Leurs démonstrations à chaque passage décuplent le bonheur du public. Tonnerre d’applaudissements.

© Trans Musicales / Nicolas Joubard

La fièvre du show est restée constante sur les 12 titres exécutés, tant la communication entre Mara et le public est régulière et la verve des autres membres du groupe n’a pas baissé. A l’avant dernier titre, Barcke Baye, le lead vocal informe que ce titre qui signifie prière est adressé à Alla Seck son père, illustre danseur et parolier de Youssou N’Dour. On sait donc de qui Mara Seck tient sa fibre griotique. A 4 heures 28 minutes, en annonçant le dernier morceau, il informe que leur album vient ainsi de sortir au cours de la présente soirée. La réception de cette œuvre phonographique peut se vivre dans cette salle où personne ne cache ses émotions.

Guiss Bou Bess Bess, la nouvelle vision

L’objectif de ce groupe se dessine déjà à travers son nom : « Guiss Guiss Bou Bess » signifie « Nouvelle vision ». La musique traditionnelle sénégalaise marquée par le Sabar (un instrument de percussion réputé) fusionne avec la musique électronique (expression de mondanité et de futurisme) pour s’ouvrir au monde et offrir toute la beauté du métissage.

Journaliste critique, Communicant culturel. Fondateur du Groupe AWALE AFRIKI

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